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De Republikeinse, journal identitaire, populaire et socialiste flamand
30 décembre 2011

l'homme qui vient

"Berth écrivait que « la maîtrise syndicale qui remplacera la maîtrise patronale sera sans doute, et plus légitimement, aussi rude, aussi sévère, aussi impitoyable pour l’indiscipliné, le paresseux, le réfractaire, qu’a pu l’être le capitalisme lui-même » ! Cette dernière thèse rappelle d’assez près celle soutenue par Georges Valois dans L’homme qui vient. Dans l’un et l’autre cas, la civilisation est posée comme antagoniste de la nature humaine. A Rousseau comme aux anarchistes, Berth n’oppose pas l’argument que la nature humaine diffère de ce qu’ils en disent, mais au contraire l’argument que c’est en contradiction avec la nature humaine telle qu’ils la décrivent et telle qu’elle est, que la civilisation s’est formée. Rien ne lui est donc plus étranger que l’idée d’une culture qui prolongerait la nature sous d’autres formes, sans solution de continuité. Comme Valois, Berth n’est pas loin de penser que l’autorité nécessaire à l’organisation du travail est ce qui permet à l’homme de se sortir de la médiocrité de son état de nature en se dotant d’une civilisation qui implique elle-même d’aller, sous la contrainte, à l’encontre de nos penchants naturels. La notion de travail est valorisée dans la mesure même où le travail conditionne la production, l’objectif final étant d’instituer « le groupement libre et égalitaire des ouvriers possesseurs de leurs instruments de travail et maîtres de leur force collective qui jusqu’ici s’est aliénée entre les mains du Capital et de l’Etat » – c’est-à-dire de fonder la « société des producteurs ».

Le travail est donc la base et le « ciment » de la cité socialiste. Il n’est pas vu comme aliénant, mais comme intrinsèquement libérateur, pour autant bien entendu qu’il échappe à l’emprise du capital. Le machinisme lui-même n’est pas mis en question. Le thème de l’aliénation de l’homme par la machine (ou la technique) est totalement étranger à Edouard Berth, tout comme la critique de l’idéologie du travail, dont il ne perçoit nullement l’origine moderne. Mais la notion de travail a chez Berth une portée plus large que chez Valois. Avec trente ans d’avance, celui-ci anticipe certaines vues exposées par Jünger dans Le Travailleur. Chez lui aussi, le notion de travail déborde largement la sphère économique ; elle caractérise un mouvement général des choses, censé voir dépérir les valeurs bourgeoises et consacrer l’avènement d’un type d’homme nouveau.

Berth pose par ailleurs comme absolument synonymes la démocratie et l’Etat. Et c’est ce refus radical de la démocratie, partagé alors par tous les tenants du syndicalisme révolutionnaire, à commencer par Sorel, qui va permettre la rencontre entre le Berth le sorélien et le monarchiste Valois."

A. de Benoist, Préface à la réédition des Cahiers du Cercle Proudhon.

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S
Si la civilisation, ou, plus modestement, la société ont pour effet de "neutraliser" la nature humaine, sa violence et sa tendance centrifuge, elle ne peut la réduire à néant, même en se faisant tyrannie. <br /> <br /> Les tyrannies sont vouées à l'échec, à terme.
De Republikeinse, journal identitaire, populaire et socialiste flamand
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